Certains êtres sont sujet à une certaine délicatesse de passion qui les rend extrêmement sensibles à tous les accidents de la vie, et leur donne une joie vive à chaque événement favorable, aussi bien qu’une douleur pénétrante à la rencontre de l’infortune et de l’adversité. Les faveurs et les bons offices engagent facilement leur amitié, tandis que la plus petite atteinte provoque leur ressentiment. Tout honneur ou marque de distinction les exalte au-delà de toute mesure, mais ils sont touchés de manière aussi sensible par le mépris. Les personnes de ce caractère ont certainement des plaisirs plus vifs, aussi bien que des peines plus mordantes que les hommes de tempérament froid et posé. Mais je crois que, quand toute chose est pesée, il n’est personne qui ne préférerait être de ce dernier caractère, ayant la maîtrise entière de ses propres dispositions. La bonne ou la mauvaise fortune sont très peu en notre pouvoir, et quand une personne ayant cette sensibilité de tempérament est confrontée à un malheur, son chagrin ou son ressentiment prend possession d’elle entièrement et l’empêche de trouver encore du goût aux événements communs de la vie, dont l’appréciation juste forme la plus grande partie de notre bonheur.
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