LE DUC
Eh bien ! moi, sans pouvoir, sans titre, sans royaume,
Moi qui ne suis qu’un souvenir dans un fantôme !
Moi, ce duc de Reichstadt qui, triste, ne peut rien
Qu’errer sous les tilleuls de ce parc autrichien
En gravant sur leurs troncs des N dans la mousse,
Passant qu’on ne regarde un peu que lorsqu’il tousse !
Moi qui n’ai même plus le plus petit morceau
De la moire rouge, hélas ! dans mon berceau !
Moi dont ils ont en vain constellé l’infortune ! (Il montre les deux plaques de sa poitrine.)
Moi qui ne porte plus que deux croix au lieu d’Une !
Moi malade, exilé, prisonnier je ne peux
Galoper sur le front des régiments pompeux
En jetant aux héros des astres ! Mais j’espère,
J’imagine… il me semble enfin que, fils d’un père
Auquel un firmament a passé par les mains,
Je dois, malgré tant d’ombre et tant de lendemains,
Avoir au bout des doigts un peu d’étoile encore...
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