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dimanche 8 décembre 2019

Première du monde, Éluard

PREMIÈRE DU MONDE

Captive de la plaine, agonisante folle,
La lumière sur toi se cache, vois le ciel :
II a fermé les yeux pour s'en prendre à ton rêve,
II a fermé ta robe pour briser tes chaînes.

Devant les roues toutes nouées 
Un éventail rit aux éclats. 
Dans les traîtres filets de l'herbe 
Les routes perdent leur reflet.

Ne peux-tu donc prendre les vagues 
Dont les barques sont les amandes 
Dans ta paume chaude et câline 
Ou dans les boucles de ta tête ?

Ne peux-tu donc prendre les étoiles ? 
Écartelée, tu leur ressembles, 
Dans leur nid de feu tu demeures 
Et ton éclat s'en multiplie.

De l'aube bâillonnée un seul cri veut jaillir,
Un soleil tournoyant ruisselle sous l'écorce. 
Il ira se fixer sur tes paupières closes. 
Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour.

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